Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/217

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Elle ne répondit pas directement et continua d’interroger.

— Et vous ne m’aviez jamais vue avant ce jour-là ?

— Oh ! si… une fois… une seule…

— Où donc ? et à quelle époque ?

— A Bordeaux, il y a quelques jours… au quai d’embarquement, quand vous y êtes passée pour prendre le vapeur de Royan… Et, depuis ce jour-là, je n’ai eu qu’une pensée, vous revoir… Dès le lendemain, je suis parti pour vous rejoindre, espérant bien vous rencontrer tôt ou tard sur les plages, mais vous restiez invisible, cachée à tous les yeux. Je suis allé partout, à Saint-Georges, à Pontaillac, à la pointe de Grave, mais en vain… Ce n’est que le jour où vous avez failli vous briser sur les roches que j’ai pu vous revoir et vous sacrifier ma vie… Car, vous n’en doutez pas, je vous suivais si vous aviez roulé dans l’abîme…

Et un sourire d’une joie profonde éclaira son visage.

— Ah ! fit Thérèse toute surprise, mais d’une voix très calme cependant.

— Et maintenant, reprit-il, puis-je enfin savoir votre nom ?

Il avait osé prendre une de ses mains dans les siennes… il ajouta :

— Puis-je savoir si votre main est libre ?