Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/228

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une des fortes têtes du pays, le coup fut trop rude… et quand Baptiste envoya son télégramme à Royan, Desmarennes venait d’être frappé d’une première attaque de paralysie (une hémiplégie bien caractérisée). Il s’en était remis pourtant et commençait à recouvrer l’usage de sa jambe et de son bras droit, quand Thérèse et sa mère revinrent à Saint-Christophe.

Elles avaient pris toutes leurs précautions pour ne rien brusquer, et fait annoncer leur arrivée par avance, comme si elles revenaient d’elles-mêmes, sans avoir reçu le télégramme.

Quand elles entrèrent chez Desmarennes, elles le trouvèrent, non pas étendu, mais échoué dans son grand fauteuil à oreillers, l’œil fixe et les deux pieds sur les chenets de sa haute cheminée, où la cendre rouge achevait de s’éteindre.

Après une première scène de larmes et d’embrassements :

— Père, étant malade, dit Thérèse, pourquoi n’avoir pas fait écrire ? Nous serions revenues depuis longtemps.

— Je craignais de vous attrister là-bas par de mauvaises nouvelles. Il est toujours assez tôt pour les savoir.

Et il leur raconta une partie de ses grandes pertes financières, sans oser leur tout avouer,