Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/245

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— J’ai peine à comprendre.

— Il avait servi en Afrique, au régiment étranger, et c’est à ma prière qu’un jour son capitaine avait levé une punition beaucoup trop sévère, injuste même, que lui avait infligée le sergent… Il n’en fallait pas davantage… le vieux troupier s’en est ressouvenu, et un soir j’ai pu trouver ouvertes les portes de ma citadelle… Sous un faux nom, à bord d’un navire à blé faisant la traversée de Dantzick à la Rochelle, je suis parti… et en mettant le pied sur la terre de France, ne sachant rien encore et n’osant pas écrire… assailli d’ailleurs par de noirs pressentiments après une si longue absence, je suis venu directement chez toi… voilà tout… Et maintenant je pars pour Bordeaux.

— Pour Bordeaux, mon ami… à cette heure de nuit ?… D’abord c’est impossible… et tu n’y trouverais sans doute personne en ce moment… Partir pour Bordeaux, c’est bientôt dit… Mais qu’y feras-tu ?

Ton frère a sauvé Desmarennes de la ruine… il l’a retiré de l’abîme quand il en touchait le fond… tu te présentes… je le veux bien… ta seule identité constatée met à néant le second mariage… soit… mais elle n’en détruit pas les effets… La loi protège l’union contractée de bonne foi… (l’article du Code est formel).

Les deux enfants de ton frère sont à lui, bien