Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à lui, devant hériter de sa fortune et de son nom… il a droit de les garder… Toi, tu reprends la femme ; mais si on lui arrache ses enfants, que deviendra-t-elle ?

Georges se taisait, dans une anxiété profonde.

— Si tu veux m’en croire, mon ami, reprit l’avocat, attends un jour ou deux… Partir pour Bordeaux, ce soir, ne t’avance à rien… Je réfléchis d’ailleurs que tu pourrais croiser la famille en route… car nous sommes au 20 juin… et c’est à cette époque que tous reviennent à Saint-Christophe… Laisse-moi faire… la nuit porte conseil… Demain, nous trouverons quelque chose… je m’entendrai avec Baptiste, ton ancien matelot…

— Ah ! Baptiste ! ce brave Baptiste !… Il est donc toujours là ?…

— Oui, et logé dans le pavillon du parc. Mais j’y songe… n’êtes vous pas de même taille ?…

— A peu près… Pourquoi donc ?

— Cela nous servira peut-être. En attendant, repose-toi, mon ami ; tu dois être bien las. Tu vois, c’est toujours ma chambre à deux lits d’autrefois. Depuis que tu as couché là (voilà six ans passés), personne n’y est venu. Tu seras chez toi ; je suis sûr de Catherine pour la discrétion. Sois donc parfaitement tranquille, ta présence ici restera ignorée de tous.