Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/250

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et dix heures, Baptiste lui fit signe de monter vite à la haute fenêtre du pavillon, d’où il pouvait tout voir sans être aperçu, à travers les minces lamelles d’une petite persienne fermée depuis très longtemps, et lui indiqua du doigt la pelouse verte, pleinement éclairée du soleil.

Il n’y avait encore personne, mais quelques instants après, Georges vit Desmarennes s’acheminer vers un des bancs de la pelouse.

Ses cheveux étaient tout blancs, mais encadraient encore de leurs belles touffes drues sa bonne et grosse figure épanouie, d’un rouge plus foncé.

Il tenait à la main une fille en robe blanche et à grande ceinture bleue, sémillante et vive comme une bergeronnette, qui se trémoussait en le suivant de ses petits pieds.

Desmarennes vint s’asseoir avec elle sur un des premiers bancs et lui passa les doigts dans les boucles de sa fine chevelure ; puis, enlevant par la taille la petite coquette si richement habillée, il la fit retomber sur un de ses genoux, paraissant tout joyeux d’être inondé par le flot de dentelles, de gazes et de rubans qu’elle étalait à grand luxe autour d’elle.

Puis une femme apparut… Thérèse… C’était bien elle… Elle marchait lente et grave, mais ne perdant pas des yeux un fort garçon de