Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quatre ou cinq ans, qui venait d’entrer dans le parc en courant.

Il suivait un grand lévrier fauve qui gambadait autour de lui, parfois lui échappant d’un bond rapide, d’autres fois se laissant prendre et lui léchant les mains, puis filant droit comme un chevreuil.

Tantôt Thérèse se baissait pour prendre la tête de son fils et l’embrassait éperdument.

Tantôt elle l’arrêtait court, lui essuyait le front, et lui glissait inquiète une main entre les deux épaules, pour être assurée qu’il n’avait pas trop chaud, avec toute la sollicitude d’un geste maternel.

C’était bien elle… telle que Georges se la figurait voir… six années plus tard… les joues encore pâles, mais le cou plus fort, des formes plus accusées, plus réellement femme qu’autrefois dans sa robe grise d’été… Mais son regard était grave, et, malgré ses joies sérieuses de mère, on eût dit que ses lèvres étaient déshabituées de sourire.

Il y eut pour Georges un instant terrible… Arrivée au bout de la pelouse, elle fit lentement des yeux le tour de l’horizon, et quand son regard fut en face du pavillon, elle leva la tête et fixa la haute fenêtre où il se trouvait… Illusion poignante, bien qu’elle ne pût rien voir… Une pensée d’autrefois, sans doute, lui