Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/252

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était venue en ce moment, rapide comme l’éclair d’un souvenir… Ce fut l’affaire d’un instant… puis elle baissa la tête, et, toute rêveuse, elle continua sa marche en reprenant la main de son fils qui s’était rapproché d’elle et semblait inquiet de son rêve.

Tout le passé de Georges lui revint en mémoire comme un afflux de souvenirs débordants… Tout ce qu’il peut y avoir de tempête dans un cœur gronda sourdement dans le sien, puis s’apaisa par degrés quand disparut cette femme recueillie, belle comme une sainte devenue mère, et qui ne souriait plus.

Georges comprit toute l’étendue de ses graves devoirs et s’inclina devant l’austérité du grand rôle maternel.

— Chère et noble femme ! murmura-t-il dans ses larmes… le cœur débordant d’un immense pardon.

La pensée ne lui vint pas de lui arracher ses enfants, ni de la prendre à son frère.

Il partit le soir même pour une destination inconnue.

Le secret fut rigoureusement gardé. Thérèse ne sut jamais qu’il était revenu.