Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/265

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l’âge des crises, et vous êtes au beau fixe de la vieillesse en fleur, qui vaut mieux assurément que les maturités chancelantes comme on en voit tomber tous les jours.

— Tu plaisantes, et tu détournes la question. Tu sais parfaitement ce que je veux dire, et tu fais la sourde oreille. Tu ne peux pourtant pas vivre seul, il te faudra tôt ou tard une femme à ton foyer… quand je ne serai plus là… Sans trop attendre… lorsque tu voudras, tu pourrais fort bien…

— Négocier un mariage avantageux, n’est-ce pas ? Ma foi, non, ce n’est pas là ma manière de voir.

— Tu ris comme un grand enfant des choses les plus sérieuses…

— Trop sérieuses, ma tante, beaucoup trop sérieuses pour moi.

— C’est donc bien effrayant qu’une belle et pieuse jeune fille, heureuse de porter notre nom, qui mettrait sa petite main blanche toute émue dans la tienne, en souriant de visage dans toute la grâce de son cœur ? Sans courir bien loin, dans la contrée, il en est qui, sans être absolument très riches, te donneraient une aisance honorable ; tu peux les voir, il en est de fort belles, dit-on, qui ne seraient pas fâchées d’être vues… Tu connais les frères, les cousins les grands-parents, qui te feraient facilement