Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/266

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accueil dans une partie de chasse, une promenade, aux bains de mer, quand tu voudras… au lieu de vivre en sauvage, comme un ours… Ma foi tant pis ! le mot est lâché.

Mais le neveu restait inflexible sur le chapitre du mariage, il était encore bien jeune… on avait le temps d’y songer… sa trentaine n’était pas sonnée… La pauvre vieille se demandait s’il était pétri d’un autre limon que les autres hommes, si jamais un regard de femme n’avait rien éveillé dans ce cœur dormant, ou si quelque passion profonde et cachée, quelque amour impossible, le rendait invulnérable à tout autre amour… Enfin un jour, à bout d’arguments, buttée, perdant patience, Mlle Berthe lui dit à brûle-pourpoint :

— Fais-moi une promesse, Albert.

— Volontiers… Laquelle ?

— D’épouser la première femme qui te plaira réellement.

— Je le jure, mais à une condition…

— Dis.

— C’est que cette charmante personne voudra bien de moi…

— Assurément, répondit aussitôt Mlle Berthe. Elle serait donc bien difficile, murmura-t-elle tout bas ; mais elle ne laissa rien voir de sa pensée, qui s’acheva dans un sourire intérieur.