d’or sur une grande console en bois des Iles.
Le whist et les échecs eurent tort ce soir-là. On avait dîné tard, on fit simplement un peu de musique après le café. Le piano était neuf et bon. Mme Gerbier plaqua les premiers accords et acheva très correctement deux ou trois valses en vogue d’un opéra-bouffe quelconque ; mais son jeu, d’une teinte neutre, contribua singulièrement à faire valoir l’exécution nerveuse et colorée de Mlle d’Évran, qui lui succéda sans se faire prier, et aborda les œuvres de grand style de Weber et de Beethoven comme si l’âme des maîtres passait en elle. Le comte Albert la complimenta sans réserves et sut trouver à propos quelques paroles ferventes qui furent très bien accueillies.
— Eh bien ! répondit-elle, souriante, s’il en est ainsi, puisque vous êtes réellement satisfait, à votre tour. Mme Gerbier m’a dit que vous chantiez.
Il ne s’attendait guère à cette brusque demande et fut d’abord un peu déconcerté, mais il comprit qu’il ne pouvait balbutier des excuses banales ; il essaya pourtant de dire que sa voix s’était rouillée dans la brume du marais, et qu’il avait quitté Paris depuis longtemps, à l’époque de Donizetti et du vieux succès de Dom Pasquale.