Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/310

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trouvait ensuite aisément (on se souvient même qu’elle tricotait sans voir), lorsque Germaine entra. Elle apportait une pleine corbeille de ses plus beaux fruits mûrs ; Mlle Berthe la remercia et profita de l’occasion pour obtenir quelques détails supplémentaires dans le récit de la veille :

— Et les nouveaux arrivés, où logent-ils, Germaine ?

— Mme Grandperrin et Mlle d’Évran, tout simplement chez nous. C’est plus commode pour elles ; M. Grandperrin et son neveu, dans la dernière maison du bourg, la plus grande, qu’ils ont louée pour un mois.

Et quand Germaine s’en alla, Albert, en la reconduisant, n’oublia pas de lui demander pour son propre compte :

— Et ce M. Alexandre, venu d’hier seulement ? le connais-tu ? Quel homme est-ce donc ?

— Ma foi ! tout le contraire de vous-même, monsieur Albert, un vieil enfant gâté, bien heureux d’avoir un oncle pareil, qui lui passe toutes ses fantaisies. Il l’aime comme Mlle Berthe vous aime (à chacun les siens), et ferme les yeux presque en riant sur ses petites folies. Ce neveu mène grand train à Paris, joue à la Bourse et passe pour un beau parieur sur le terrain des courses.