Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/311

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— Je vois ce que c’est, dit Albert, tout simplement ce que les journaux de Paris nomment un petit gras des hautes écuries, un merveilleux du sport, un gandin de Tattersalt.

— Je ne connais pas bien ces termes-là, monsieur Albert, mais ce doit être quelque chose d’approchant. Quant à la graisse, c’est précisément ce qui le désespère. Il prend des leçons de boxe et d’escrime pour maigrir. Mais ce qu’il perd aux exercices violents, il le rattrape vite à ses déjeuners. Il mange et boit déjà comme son oncle.

— Ton petit doigt en sait long, Germaine. Tu me sembles merveilleusement renseignée.

— Ce n’est pas bien difficile. J’ai connu tous ces détails par hasard ; vous savez bien que je suis allée à Paris deux fois : il y a trois ans, puis l’hiver dernier. Mlle d’Évran m’a conduite dans sa loge au théâtre, et même aux grandes séances de la Chambre.

— Encore un mot, Germaine. Ne trouves-tu pas ce M. Alexandre un peu familier avec Mlle d’Évran ?

— C’est bien naturel : depuis le berceau, ils sont élevés ensemble… côte à côte… Mais depuis qu’elle est sortie du couvent, et lui du collège, elle lui a formellement interdit de la tutoyer, ne répondant qu’à vous. Il a bien fallu obéir, et je vous assure qu’elle ne se gêne pas avec