Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/335

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XII

M. Grandperrin n’était pas homme à se payer d’histoires sentimentales. Il aimait d’ailleurs franchement son neveu, auquel tôt ou tard il destinait Alise. De cette manière-là, pensait-il, ma fortune ne sera pas morcelée : tout restera en famille.

Il voulut avoir avec Mlle d’Évran un sérieux entretien. Pourtant cet homme pratique, d’une rare intelligence dans les affaires, célèbre par de grands succès de tribune, qui n’avait pas reculé devant la faconde engluée des avocats les plus retors, et qui, à la Chambre, avait tenu bon contre les charges à fond de train des plus impétueux généraux, cet homme se trouva embarrassé, un peu interdit, presque petit garçon devant cette belle et grande jeune fille qui le regardait simplement de ses yeux clairs, et qui, avec autant de réserve que de dignité dans son maintien habituel, attendait ce que M. Grandperrin avait à lui dire.

Il fallut pourtant commencer.