Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/337

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— Alors c’est un parti pris de me blesser profondément, de me désespérer ?

— Comment pouvez-vous m’attribuer une intention pareille ?

— Eh bien ! oubliez quelque folle pensée en germe dans votre esprit, et renoncez à des sentiments peut-être irréfléchis…

— Mes sentiments personnels, dit Alise, froissée à son tour, n’ont absolument rien dont je doive rougir ; et quelle que soit ma déférence à votre égard, je n’en saurais changer.

M. Grandperrin reçut un nouveau coup mais cette fois il parvint à se maîtriser.

— Alise, continua-t-il, avez-vous eu jamais quelque grave reproche à me faire… quelque faute sérieuse commise à mon insu à votre égard ?

Elle fit un signe de tête négatif.

— Eh bien, alors, pourquoi ce manque de confiance, pourquoi juger indignes de vos confidences ceux qui vous aiment ?… Même, sans me demander mon assentiment, ne pouviez-vous pas m’informer de ce que vous aviez décidé… me dire que vous aviez librement disposé de vous-même ?

— Il n’y a qu’une heure, je n’en savais encore rien moi-même.

— Et à présent, me direz-vous le nom de cet heureux que vous avez préféré ?