Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seul brin qui, planté dans l’écume des marées, peut sans crainte osciller aux tempêtes, avec son étoile blanche au front qui regarde à dix lieues. Enfin on parla de la Sinope, petite rivière sinueuse dans une vallée profonde, très pittoresque vers la fin de son parcours, entre le hameau de Lestre et le havre de Quinéville. Consulté sur les trois points, Georges donna la préférence à la petite rivière.

« Adopté, dit Henri, et puisqu’il en est ainsi, la vallée se trouvant à une lieue tout au plus, je vous y conduirai d’abord, et Marie t’en fera les honneurs, tandis que je retournerai jusqu’à Sainte-Mère-Église, chercher Mlle Marthe Alvarès, pure Espagnole du pays des oranges, qui n’aime guère à voyager seule en voiture et que mon plus habile cocher ne rassure pas. Vous aurez tout le loisir de faire une belle promenade, et les premiers rentrés à la maison attendront les retardataires. » Le plan fut agréé. On attela à midi et demi. A une heure, près de Quinéville, à l’embranchement des routes, Georges et Marie mirent pied à terre et le comte tourna bride en leur disant : « A ce soir. »

La vallée s’ouvrait à quelques pas de la route. Georges et Marie n’eurent qu’à descendre par un étroit sentier, entre deux haies où deux personnes ne pouvaient passer de front. Marie prit