Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/60

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femme, et que… j’avais promis de l’être ? »

Georges avoua que le comte lui avait tout appris.

« Alors, reprit-elle, je n’ai plus de secrets à vous révéler, vous savez tout et vous voyez clair dans ma vie… qui désormais ne m’appartient plus. »

Et elle murmura comme à demi voix :

« Les rêves doivent rester dans la région des rêves. »

Georges n’avait que trop compris.

« Hier, continua-t-elle, vous deviez partir pour un voyage au Nord ; c’est mon intervention qui vous a retenu ; pardonnez-moi. Je souhaite aujourd’hui que ce voyage ne soit pas différé… Vous partirez bientôt, n’est-ce pas ? demain… »

Ce dernier mot fut prononcé d’une voix si faible, que Georges le devina au mouvement de ses lèvres plutôt qu’il ne l’entendit.

« Ah ! de grâce, fit-il, pliant à son insu sous l’autorité de cette brusque prière, ne m’accorderez-vous pas au moins encore un jour ?… peut-être à la veille d’un adieu éternel. »

Elle ne répondit pas d’abord, elle parut réfléchir, comme interrogeant son courage, puis :

« Eh bien ! dit-elle, le jour d’après. »

Elle voulut reprendre l’énorme bouquet qu’elle