Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/71

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Le lendemain, le premier rayon du soleil levant tomba sur la palette de Georges, installé déjà sur le pont d’une arche attenant au vieux moulin de la Sinope. Il était revenu seul au bord de la petite rivière où ils étaient deux la veille. Condamné à partir le jour d’après, il n’avait pas voulu quitter sa chère vallée sans lui dire un dernier adieu, et il tenait à emporter dans son bagage d’artiste un vivant souvenir de cette promenade où pour la première fois son amour avait discrètement parlé.

Le comte, qui n’avait pas fermé l’œil de la nuit, était parti de grand matin pour les dunes de Ravenoville, espérant qu’une longue course à cheval dans les brumes de la Manche lui rafraîchirait le sang, et que l’agitation du corps endormirait un peu la tempête morale ; mais il eut beau longer les grèves et lancer son coureur au ras du flot, jusque dans la haute et folle écume des lames, rien ne put calmer sa