Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/74

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« Marie, dit-il en forme d’exorde, je suis vraiment heureux de pouvoir causer avec vous quelques instants ce matin ; si vous le permettez, je tiendrais à votre assentiment sur quelques points en litige dans mon for intérieur, et serais très désireux de connaître votre manière de voir et de penser sur une question qui me donne à réfléchir… »

Sans témoigner trop de surprise à ce grave début, Marie fit signe qu’elle écoutait ; il continua :

« Je dois vous avouer en toute franchise qu’il m’est venu des scrupules, puérils peut-être, qui assurément ne pèsent pas sur ma conscience comme des remords, mais qui me préoccupent néanmoins, et même assez sérieusement pour que je prenne la liberté de vous en faire part : je me suis demandé parfois si, malgré de belles apparences qui plaident en ma faveur, je ne serais pas au fond un très grand égoïste ? »

Marie répondit par un geste de dénégation, en essayant de le détromper ; elle commençait à comprendre où il voulait en venir.

« Je songeais, ce matin même, dit le comte, à un gentleman farmer, pas très vieux encore, c’est possible, mais un peu mûr déjà, ayant passé la trentaine, d’habitudes rustiques, presque sauvages, aimant la chasse à courre, le son