Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/77

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inébranlable. Il paraît que ce voyage au Nord lui tient décidément à cœur.

— Et moi qui jusqu’alors avais regardé ce nouveau pèlerinage comme un simple prétexte ! C’est donc réellement sérieux ?

— Très sérieux, » répondit-elle.

S’il restait encore des nuages dans la pensée du comte, ils furent promptement dissipés.

Le paysagiste, bon marcheur, rentra à l’heure militaire, rapportant l’esquisse de la Sinope, que le comte trouva fort belle et que Marie Alvarès ne put voir sans être émue profondément.

« Hier, dit Georges à Henri, je t’ai fait cadeau de mon Avenue des Hêtres ; aujourd’hui, si tu le permets, je garde pour moi ce coin de vallée comme un souvenir du pays. »

En déjeunant, on avait parlé, pour l’après-midi, d’une excursion à Saint-Waast-de-la-Hougue. On attela Sélim, alezan brûlé à crinière et queue flottantes, un arabe très doux, de onze ans déjà, âge fort respectable pour un cheval ; néanmoins, Mlle Marthe, qui, cette fois, n’était pas sollicitée par une œuvre de charité, préféra rester à la maison. Ils étaient donc trois pour ce voyage : Georges et Henri sur le devant de la voiture (Henri conduisait), Marie seule dans le fond, où sa longue robe pouvait à l’aise épanouir son ampleur. Par la vitre, baissée,