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Page:Lemoyne - Poésies, 1871-1883, Lemerre.djvu/117

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III


Beethoven a payé chèrement son génie : —
On comprend aujourd’hui sa tristesse infinie,
Tout ce que dans son cœur il a dû refouler ;
La blessure poignante, invisible et profonde,
Qu’il traînait à l’écart, en fuyant loin du monde,
En étouffant des pleurs qui n’avaient pu couler.

Pâtres et chevriers voyaient avec surprise,
Sous les ardents soleils, sous la pluie ou la bise,
Passer cet éternel et singulier marcheur,
Laissant au gré du vent flotter sa houppelande
Comme le Juif-Errant de l’antique légende,
Toujours seul, et le teint bruni comme un faucheur.

Les familles d’oiseaux dans leurs nids réveillées
Tressaillaient à la fois sous les claires feuillées,