Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/160

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Ah ! qu’elle est triste à voir, cette maison fermée !
Quel ténébreux silence, et quel froid abandon !
L’ortie au pied des murs, la ronce et le chardon…
Et sur les toits jamais un ruban de fumie.

On voit encor des nids, mais d’une autre saison,
Où vinrent s’entr’aimer des couples d’hirondelles.
Les couples d’à présent passent à tire-d’ailes,
Devinant qu’un malheur a touché la maison.

Adieu les belles fleurs au temps jadis écloses !
Adieu les papillons de soie et de velours !
L’herbe haute envahit les jardins et les cours.
Et, voilant le soleil, elle étouffe les roses.

Au dehors, tout est morne… au dedans, tout est noir.
Qu’un rayon du couchant perce un trou des fenêtres,
Dans leur cadre étonnés, les vieux portraits d’ancêtres,
À sa demi-lueur, ont peine à s’entrevoir.

Que, dans un salon vide, une corde se brise,
La corde d’une harpe ou d’un piano dormant,
L’écho surpris répond presque aussi gravement
Qu’un son d’orgue, la nuit, dans une grande église.