Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/180

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LE FILS.

                                           Mère, à nous pense-t-il,
Ainsi que nous à lui ?… Pourquoi ces longs voyages ?
Voit-il sous d’autres deux de plus beaux paysages,
De plus riches soleils ?…


LA MÈRE.

                                                Ton père est en exil…

Au pays où l’on parle une langue étrangère,
Il voit de beaux enfants qui ne sont pas à lui ;
Il n’a pas un ami, pas de sœur, pas de frère. —
Il monte chaque soir à l’escalier d’autrui.

À son foyer jamais personne qui l’attende !
Il ouvre sa fenêtre, il écoute la mer,
Et regarde en pleurant son immense désert…
Ah ! dans son cœur alors la solitude est grande.


LE FILS.

Et n’espère-t-il pas être un jour consolé ?


LA MÈRE.

L’espérance meurt vite au cœur d’un exilé.