Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/22

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Le beau loriot jaune et la mésange bleue,
Souvent de compagnie avec le merle noir,
Doux chanteurs buvant frais, viennent d’un quart de lieue,
Réjouis du bain pur et charmés du miroir.

Le plus riche voisin de la source limpide
Parfois comme un éclair s’échappe des roseaux :
C’est un martin-pêcheur au vol droit et rapide,
Emportant sur son aile un reflet vert des eaux.

Blutée à petit jour par les feuilles de hêtre,
Une lueur discrète éclaire les ravins,
Peuplés d’esprits follets que j’aime à reconnaître :
Sphinx, papillons nacrés, faunes et grands sylvains.

Sous la haute forêt le cœur troublé s’apaise.
Les plus fraîches senteurs m’arrivent à la fois.
Est-ce un parfum de menthe, un souvenir de fraise ?
Est-ce le chèvrefeuille ou la rose des bois ?

Rêveur enseveli dans une paix profonde,
Du long fuseau des jours j’aime à perdre le fil,
J’aime à ne plus savoir quel âge a notre monde.
Si je suis un enfant du siècle ou de l’an mil ;