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la triomphatrice

Claude, souriant.

Eh bien vous me direz si cela vaut Jérôme.

Mlle Haller.

Vos séries aux Débats et au Figaro sont passionnantes !

Claude.

Quand vous ferez ce métier-là, il ne vous passionnera plus… ma pauvre enfant, il faut en prendre votre parti, je suis ici l’homme et la femme… mon mari, un ancien officier de cavalerie sans fortune… c’est l’ennui mortel des garnisons et la saine impatience de notre pauvreté qui m’ont jetée dans la littérature.

Mlle Haller.

Heureuse vénalité !

Claude.

Si l’on savait tous les motifs, les origines… Il n’est pas si naturel qu’on croit d’écrire. La nature ne fait pas de bas-bleus. (La regardant bien.) Vous-même, oui, vous-même, si vous étiez très satisfaite de l’existence…

Mlle Haller, corrigeant.

Je n’ai pas pu me satisfaire de ce qu’elle m’offrait.

Claude, riant.

Je ne voulais pas dire qu’elle vous ait tout à fait négligée…

Mlle Haller.

J’ai tenté de valoir plus que ses offres.

Claude, brusque.

Vous voulez donc que je vous aime ?

(Un jeune homme entre en familier, sans chapeau, sans canne et sans gants.)