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SAINT-JUST ET ROBESPIERRE

dirai tout ce que la probité conseille pour le bien de la Patrie ; je me tracerai l’image de l’honnête homme et de ce que la vertu lui prescrit en ce moment ; et tout ce qui ne ressemblera pas au pur amour du peuple et de la liberté aura ma haine[1].

Cette raide homélie ne pouvait que répondre à des plaintes sur Robespierre. Saint-Just se souvenait-il d’avoir écrit, récemment peut-être : « Le bien est parfois un moyen d’intrigue, soyons ingrats si nous voulons sauver la Patrie[2] ? » Il a toujours eu des mots de ce genre : « Je suis las d’entendre appeler Aristide juste, disait un Grec de bon sens[3]… » Enfin il y avait de la rudesse monastique en Saint-Just, une foi de dominicain au néant de la personne humaine, et je ne crois pas que les « patriciats de renommée » le choquaient uniquement chez ses adversaires :

Les honneurs et la confiance aveugle que s’accordent les magistrats entre eux sont une tyrannie ; nul individu ne doit être ni vertueux, ni célèbre devant vous, car un peuple libre et une assemblée nationale ne sont point faits pour admirer personne… Il faut qu’il n’y ait plus rien de grand parmi vous que la Patrie.

  1. Cité par Saint-Just dans son discours du 9.
  2. Institutions.
  3. L’esprit de la Constitution et de la Révolution de France.