Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
SAINT-JUST

de sa candeur et de sa simplicité. Il ne s’est guère prévalu d’autre chose. Le 9 thermidor il ne peut même croire à des inimitiés personnelles et, chose étonnante, il ne se trompait pas : « Pour moi, je n’ai point eu à m’en plaindre ; on m’a laissé paisible comme un citoyen sans prétentions et qui marchait seul. » Il ne voulut jamais faire de rapport sur l’armée : « On annonça la journée de Fleurus et d’autres qui n’en ont rien dit y étaient présents ; on a parlé de sièges et d’autres qui n’en ont rien dit étaient dans la tranchée[1]. » Le jour où, sans ironie, à son retour d’Alsace, Carnot offre de lui céder la direction militaire, « Saint-Just, malgré toute sa présomption, refuse[2] ». Nous le signalons pour indiquer ce que la suite prouvera bien contre Courtois : que Saint-Just ne fut jamais « un étourdi de vingt-six ans ». Nous retrouvons cette curieuse déférence à l’égard de Robespierre (elle étonnait Prieur), « et cette admiration ne s’épuisa pas même quand il l’eut dépassé, au moins comme homme d’action ». Ceci montrera déjà qu’il était sérieux. Il l’était parfaitement, si absolument qu’il ne cessera jamais d’être simple. Cette aventure exception-

  1. 9 thermidor.
  2. Mém. sur Carnot.