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SAINT-JUST

Un malheureux est au-dessus du gouvernement et des puissances de la terre ; il doit leur parler en maître… il faut une doctrine qui mette en pratique ces principes, et assure l’aisance au peuple tout entier[1].

Mais, dit encore M. Faguet, je n’ai pas besoin de faire remarquer que ce projet de Saint-Just ne fut jamais un projet de loi ou de constitution. Non, il n’entre pas dans l’histoire de la révolution ce projet posthume d’un député dont le mandat est expiré. Pour cela, sans doute, M. Aulard fouillant cette époque, y cherchant, hommes et actes, « un supplément de révolution sociale » ne pense point à Saint-Just, ne reconnaît le socialisme que dans la faction détruite par lui, chez les ultra-révolutionnaires et les Hébertistes, la « faction de l’étranger ». Et pourtant, ce n’était pas des rêves ces il faut répétés d’un homme au pouvoir. Il avait si bien l’intention d’apporter à la tribune « ce programme le plus pénétré de pensée socialiste, qui ait été conçu pendant la période révolutionnaire avant Babeuf[2] » qu’il réfléchit déjà à son opportunité. « On eût présenté la ciguë à celui qui eût dit ces choses il y a huit mois : c’est beaucoup d’être devenus sages par

  1. Institutions républicaines.
  2. Faguet, déjà cité.