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SAINT-JUST

l’expérience du malheur. » Et si, même alors, il ne les dit pas, c’est qu’il a voulu vivre, non pour lui, bien entendu, mais pour ses projets, car ce fanatique a discuté le martyre.

Il ne faut pas que les gens de bien en soient réduits à se justifier du bien public devant les sophismes du crime. On a beau dire qu’ils mourront pour la patrie : il ne faut point qu’ils meurent, mais qu’ils vivent et que les lois les soutiennent. Il faut qu’on les mette à l’abri des vengeances de l’étranger. Je conseille donc à tous ceux qui voudront le bien d’attendre le moment propice pour le faire afin d’éviter la célébrité qu’on obtient en le brusquant[1].

Ah ! comme il veut vivre, comme il sent derrière lui Barras qui le talonne ! — Toutefois l’on méconnaîtrait l’esprit de suite et l’autorité de Saint-Just, si l’on imaginait qu’un tel programme ne lui fut pas toujours présent, et que présent, il n’eut jamais ses heures de promulgation. Le décret du 13 ventôse, qu’il fit rendre à l’unanimité, par lequel toutes les communes de la République sont appelées à « dresser un état des patriotes indigens qu’elles renferment avec leurs noms, leur âge, leur profession, le et l’âge de leurs enfans » au reçu duquel le Comité fera un rapport « sur les moyens d’indemniser tous

  1. Institutions républicaines.