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SAINT-JUST

gouvernement pur, d’un gouvernement indomptable aux factions criminelles ». C’est ainsi qu’il dira : « Nous devons être en état de violence et de force contre un ennemi en état de ruse » ; qu’il répétera : « Nous devons donc rester continuellement en état de violence, afin de briser également les pièges connus et les pièges cachés ».

Venant aux détails, nous remarquons d’abord qu’il appelle la guillotine par son nom. Quand tous vont d’instinct aux métaphores, depuis les agents qui dénombrent ceux qui ont « passé sous le glaive de la loi » jusqu’aux députés qui brandissent leurs têtes et parlent de leur future « immolation », sa simplicité à l’égard de la mort est frappante. Il n’a pas fait une phrase sur son échafaud ou celui des autres. Sa langue, à la romaine, brave cette autre pudeur ; il dira nuement : « Lorsque vous fîtes périr un roi… Ce prêtre a été guillotiné depuis… N’espérez de repos dans l’État que lorsque tous ceux qui le troublent seront morts… Les factions criminelles ne sont point audacieuses parce qu’il existe un tribunal qui lance une mort prompte ». Alors que tant de voiles, tant d’euphémismes sont accueillis par les autres, qu’il a près de lui Barère avec ses trouvailles dans le genre, il a le goût invincible d’un