Page:Lenau - Gedichte, volume 2, 1857.djvu/213

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Le chêne étend ses racines
Dans la terre,
Mille fois, sous le sol il boit
La vie à ses sources secrètes,
Qui font atteindre à son tronc le ciel.

Merlin laisse ses cheveux flotter au vent
Çà et là dans la nuit orageuse,
Les éclairs fauves et ardents l’entourent
Et oignent sa tête,
La nature, ouverte,
Sa sœur, sa confidente,
Abreuve son cœur, quand les éclairs
Embrassent sa chevelure noire.

L’orage est achevé,
Calmement la nuit suit son cours ;
Après la bataille, entièrement pacifié,
Le ciel retrouve sa sérénité ;
Béni soit celui qui écoute
Comme Merlin le silence de la forêt !

Nuit de printemps ! Pas un souffle,
Même les tiges les plus frêles ne ploient plus,
Chaque feuille est immobile, comme ensorcelée
Par le regard de la Lune.
Gagnant peu à peu les dieux
Et pénétrant les lois éternelles,
Sous le couvert d’un haut chêne
L’enchanteur veille, penseur solitaire,