Page:Lenoir-Rolland - Poèmes épars, 1916.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
LE BANDIT MORT

1848
Le bandit mort


Imité de l’anglais.

Pourquoi dort-il ici, tandis que la trompette
Rugit son cri de guerre et guide les poignards ?
Les braves ont jeté du sang sur son aigrette :
Il n’est donc plus leur chef, l’homme aux brûlants regards ?

Bien qu’un rouge manteau lui serve de suaire,
Bien qu’un chaînon d’acier prenne ses larges reins,
Cet homme, dont la voix ébranlait son repaire,
Plus que les sons du cor, aimait les chants sereins !

Où le torrent s’écoule avec un bruit étrange,
Farouches, l’arme au poing, des soldats sont venus.
Il est nuit : de la mort on voit flamboyer l’ange !…
Mais lui, pourquoi dort-il ?… Ces pas lui sont connus !

Il a bondi soudain : une rumeur lointaine,
Traversant les flots noirs, arrive jusqu’à lui !
Indécis, il regarde et le ciel et la plaine,
Et cette belle enfant qui le charme aujourd’hui.