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les laboureurs

1857

Les laboureurs

Ne méprisons jamais le sol qui nous vit naître
Ni l’homme dont les bras, pour notre seul bien être,
S’usent à force de labeurs,
Ni ses robustes fils ployés sur leurs faucilles,
Ni son modeste toit, ni le chant de ses filles,
Qui reviennent, le soir, avec les travailleurs.

Ils moissonnent pour nous, et les fruits de leurs peines,
Blonds épis, doux trésors des jaunissantes plaines,
Blanches et soyeuses toisons,
Larges troupeaux chassés de leurs oasis vertes
Toutes ces choses-là par eux nous sont offertes
Et c’est avec leur or que nous les leur payons.

Notre avenir est là ! nos champs gardent le germe
D’hommes propres à tout, au cœur changeant ou ferme
Prenant un bon ou mauvais pli ;
Dirigeons vers le bien leur mâle intelligence
Instruisons-les : savoir c’est narguer l’indigence
Et peut-être sauver un peuple de l’oubli.

Il n’est que ce moyen d’atteindre un long bien être
D’attacher à ce sol fécond qui les vit naître
Les hommes aimant les labeurs,
De voir leurs nombreux fils, ployés sur leurs faucilles,
Et d’entendre, le soir, le doux chant de leurs filles
Se mêler à celui des rudes travailleurs.