Page:Lenoir-Rolland - Poèmes épars, 1916.djvu/65

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l’Erlkœnig. Goethe a pris à son tour ce nom d’Erlkœnig sans s’inquiéter si le danois Ellerkonge signifiait roi des aunes ou plutôt roi des Elfes, comme l’auraient voulu certains critiques. J’ai cru devoir conserver, quoique probablement fautive, car la mythologie Scandinave ne mentionne ni roi des Elfes ni roi des aunes, la traduction connue en France de ce nom.

Les Alfes ou Elfes sont des divinités inférieures de la mythologie Scandinave. Les anciens Scandinaves désignaient aussi par ce nom leurs voisins les Finnois, qui possédaient, croyaient-ils, des connaissances magiques et l’art mystérieux de la fabrication des métaux. Les Elfes se divisent en Elfes blancs (Liosâlfar) et en Elfes noirs (Dceckâlfar). “ La gent des Liosâlfar, dit Snorri dans son Edda, habite en Alfeim ; sous terre demeurent les Dœckâlfar. Ils diffèrent les uns des autres d’aspect et de puissance : les Liôsalfar sont brillants comme le soleil, les Dœckâlfar plus noirs que la poix. Les Liosâlfar résident au troisième ciel. ” Les légendes populaires en ont fait des sylphes, des follets, des lutins, des gnomes. Ils dansent la nuit au clair de lune sur les prairies, fréquentent les creux de rocher et les bois, travaillent les métaux, gardent des trésors. Ils ne sont pas méchants, mais d’une susceptibilité facile à froisser. Ils rendent volontiers de bons offices aux hommes et leur jouent parfois de malins tours : un des plus fréquents est l’enlèvement des enfants, auxquels ils substituent leur propre progéniture.

Emmanuel de Saint-Albin.


Cette ballade, d’origine danoise, porte un titre obscur. S’agit-il du roi des Sylphes (Elfes) ou de quelque autre esprit mystérieux ? On ne sait, et la question offre peu d’intérêt. Une légende populaire est le fond de la pièce. Les Elfes de la mythologie germanique étaient passionnés pour la musique et les danses nocturnes. Ils tendaient des embûches aux enfants des hommes pour s’en emparer et leur substituer leurs propres enfants, petits monstres contrefaits. — Le tableau est saisissant : un petit enfant