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LETTRE DE L'AUTEUR


A M.' G. D. R. Avocat.


Paris, ce 10 Octobre 1812.


Mon chère confrère,


L’autre jour, chez M.me D**, un personnage bien grave et bien sérieux prétendait qu’un avocat ne doit point s’occuper de poësie, et surtout de poésie légère. Cette thèse insoutenable paraissait s’adresser à moi y je fus tenté de répondre à l’argumentateur par ce vers de Voltaire :

Qui n’aime pas les vers, a l’esprit sec et lourd.

Eh quoi ! Monsieur, la poésie est un délassement charmant dans notre profession si souvent fastidieuse et pénible, et ne vaut-il pas mieux sacrifier quelquefois aux Muses, que de composer ces compilations indigestes et ces éternels commentaires qui paraissent chaque jour, et rendent nos lois obscures, au lieu de les éclaircir ?

Rappelez vous donc ces magistrats et ces jurisconsultes célèbres, Daguesseau, Target et le savant Tronchet qui aimaient et Cultivaient la poésie. Ces autorités étaient grave, mais peu convaincantes pour ce docteur.

En vérité. Monsieur, Je suis désolé que vous