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MATIÈRES EMPLOYÉES PAR LE RELIEUR.

conservation. Dans tous les cas, c’est une matière de luxe.

Le cuir de Russie se prépare avec des peaux de cheval, de veau et de chèvre ; pour la reliure, on emploie seulement les veaux minces et les chèvres. Pour matière tannante, on fait usage d’écorce de saule, de pin ou de bouleau, ou d’un mélange de ces trois écorces. Quant à l’odeur qui le caractérise, on la lui communique en l’imprégnant, du côté de la chair, d’une huile empyreumatique provenant de la distillation de l’écorce de bouleau. Cette huile, qu’on appelle vulgairement huile de Russie, doit elle-même sa propriété aromatique à un principe particulier qui à reçu le nom de bétuline. Enfin, la couleur roussâtre se donne avec une décoction de santal rouge et de bois de Brésil dans l’eau de chaux.

Depuis plusieurs années, on imite à Paris, à Vienne et à Londres, le cuir de Russie, et les imitations sont quelquefois aussi belles et aussi durables que les produits d’origine russe, dont elles ont d’ailleurs les autres propriétés.

§ 5. — chagrin.

Comme le maroquin, le chagrin est encore une invention orientale. Ce qui le caractérise, c’est qu’il est grenu d’un côté, c’est-à-dire couvert de petits tubercules arrondis.

En Perse, en Turquie, dans l’Asie-Mineure, où on l’appelle saghir ou sagri, on prépare le chagrin avec la partie de la peau de cheval et d’âne sauvage qui recouvre la croupe de l’animal. Pour matière tannante, on se sert de tan de chêne ou d’alun. Enfin, on produit le grain d’une façon assez bizarre. Après avoir ramolli la peau, on l’étend dans un châssis,