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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/167

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dans l’espoir, je ne puis en douter, que les chagrins achèveraient ce que la frayeur n’avait pu opérer… Elle a exigé que je ne quitte pas la chambre où, ayant manqué d’être assassinée, j’avais des frayeurs affreuses. Et l’événement de la rue du Ponceau ! Ah ! mon ami, quelles sont donc les personnes acharnées à ma perte ? Cette Julie s’est permis de te dire que si, comme toi, elle avait une femme toujours malade, elle la prendrait par les cheveux et la jetterait par la fenêtre. Après un tel propos, que devais-tu faire ? Tu voyais mes larmes couler ; je tremblais pour l’enfant qui était dans mon sein. Par des mots sans suite, tu répondais à mes craintes ; et lorsque cette même Julie est venue, en ta présence, pour me frapper, sans mon père, peut-être m’aurait-elle assommée ; tu n’as bougé que lorsqu’il s’est agi de la défendre !… Par un peu de prudence tu aurais pu me préserver de grands malheurs. Et cette soupe qui a mis ma pauvre Caroline à la mort ! Ma tasse de café dont la suite a été de me priver d’un autre enfant ! Et cette autre soupe que j’ai mangée, à six heures du soir, les convulsions qui l’ont suivie et qui n’ont cessé qu’à onze heures ! Eh bien ! quelle protection m’as-tu accordée lorsque M. Asselin a ordonné que le bouillon pour mon usage soit fait dans ma chambre ? Tu lui as répondu que cela ne pouvait être, que ce serait manquer aux servantes de madame de Mellertz ; sur ce qu’il ajouta, tu as gardé le silence ; lorsqu’il est parti je t’ai prié de