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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/217

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Le procès s’annonçait gros d’incidents, et il fallait que les Parisiens de ce temps-là fussent bien férus de romans judiciaires puisque les formidables événements politiques qui secouaient alors le monde leur laissaient assez de liberté d’esprit pour prendre intérêt aux infortunes de la comtesse de Normont. On était, en effet, au printemps de 1814 : l’Empire s’effondrait ; après de suprêmes et glorieuses batailles, Napoléon vaincu, abandonné de tous, abdiquait à Fontainebleau. La Révolution était définitivement close : après vingt-trois ans d’exil, les Bourbons récupéraient leur trône. La France vivait des heures de fièvre et chaque jour était marqué d’un événement grandiose. Le 3 mai, Louis XVIII, inconnu la veille, entrait triomphalement à Paris qu’il n’avait pas revu depuis cette nuit de juin 1791 où déguisé en Anglais, muni d’un faux passeport, il se risquait à gagner la frontière, tandis que le Roi et la Reine entreprenaient de leur côté le fatal voyage qui devait se terminer à Varennes. Avec