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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/224

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que son agenda ne contenait rien d’autre que des adresses. À force de lire, de relire, de comparer, de méditer sur cette page fatale du livret, l’avocat eut une inspiration soudaine. Il se lève, quitte l’audience, traverse Paris en hâte, s’informe, enquête et reparaît à la barre le front radieux, le visage souriant. Au lieu de l’indication lue par les plus habiles experts : Jette-le vis-à-vis la grande porte, de Sèze a cru déchiffrer : Gillet, vis-à-vis la grande poste… Il a couru « d’un saut » jusqu’à la grande poste et il vient d’apprendre de tous les voisins que, l’année précédente, un certain Gillet habitait en face des bureaux de cette administration ; il est mort depuis peu, mais sa veuve vit encore et demeure toujours au même endroit. — Gillet, vis-à-vis la grande poste : c’est bien une adresse, et le pauvre Bourrée échappe à l’échafaud.

Ce fut le plus notable incident des dix longues audiences consacrées aux débats : cent soixante témoins furent entendus ; les dépositions de madame de Mellertz et de