peu de leurs têtes, enjeux et attraits de cette mémorable cérémonie. L’un et l’autre disparaissaient dans cette apothéose et on s’étonnait que de si piètres personnages fussent l’occasion d’une si solennelle parade. Julie, petite, maigre, terne, sombre, coulait des regards sournois sur les magistrats et les témoins ; Bourrée semblait hébété et ruminait manifestement l’explication qu’il pourrait bien fournir de la malencontreuse note découverte sur son agenda : — « Jette-le vis-à-vis la grande porte. » Au banc de la défense, Bellart, maître Pesse et maître de Sèze, — le fils du célèbre avocat de Louis XVI, — assistaient les accusés. La tâche du jeune de Sèze, chargé spécialement de la défense de Bourrée, s’annonçait rude, car comment persuader aux jurés que la terrible phrase du carnet, tracée de la main de l’inculpé, n’équivalait pas à un aveu formel de culpabilité ? De Sèze avait, à ce sujet, questionné cent fois son client, qui n’avait su que répondre, jurant que jamais il n’avait écrit ça et qu’il était bien certain
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