et d’une générosité poussée jusqu’au gaspillage et à l’imprévoyance. Aussi madame Dervel, bien qu’elle n’eût que douze ans de plus que lui, le chapitrait-elle incessamment sur les dangers des aventures galantes et sur les abus d’une trop grande libéralité. Néanmoins, après la mort du comte de Normont, elle s’empressa de remettre à Charles qui, en qualité d’aîné, héritait de la fortune paternelle, le portefeuille et toutes les valeurs, pour la plupart au porteur, dont elle était la dépositaire, — au total, plus de cinq cent mille livres. Le défunt comte ne la nommait pas dans son testament et l’on sut que c’est à la prière de son amie qu’il ne lui laissait aucun legs. Elle se jugeait trop riche déjà de ses cent mille livres de capital et de sa rente de six mille livres ; au reste, économe par nature et n’ayant nulle occasion de dépenser, elle employait ses revenus en acquisitions de terres dont elle se réservait l’usufruit et dont la propriété devait revenir à la famille de Normont. Telle était, dans sa pensée, la
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