des nues-propriétés, dont les usufruits appartenaient à sa redoutable tutrice : le loyer de la maison habitée en commun, rue de l’Échiquier, était au nom de la fille Mellertz ; il ne se dépensait pas un sou dans le ménage sans qu’elle l’eût permis ; les domestiques étaient gagés par elle ; le mobilier lui appartenait et, sauf ses dépenses de poche, surveillées de près, le pauvre Charles ne disposait pas d’un écu dont sa terrible maîtresse n’eût contrôlé la provenance et l’emploi.
On s’explique maintenant la rage de la mégère en constatant le revirement inattendu qui mettait en péril son autorité. L’homme qu’elle croyait pour toujours dompté lui échappait, et, par surcroît de dépit, c’était sa propre famille, à elle, volontairement dédaignée et oubliée depuis si longtemps, qui la détrônait dans le cœur, et, pis encore, dans les générosités de son ingrat pupille. Elle avait compris qu’elle risquait sa situation en s’opposant au mariage de sa nièce avec Normont ; celui-ci