elle consent à vivre si sa tante lui demande à genoux pardon de toutes ses cruautés. Normont va ainsi, de l’une à l’autre, portant des paroles de paix, accueilli par des rebuffades. C’est la Mellertz qui triomphe. Elle se résigne enfin à rester avec le jeune ménage ; mais elle ne mangera plus que des mets cuisinés pour elle seule et dont elle surveillera elle-même la cuisson. Julie sera chargée de préparer le chocolat du matin et ne le quittera pas des yeux ; enfin Babet écrira et signera une lettre par laquelle elle reconnaîtra qu’elle est une misérable et implorera grâce pour tous ses forfaits. Normont profita de la prostration qui suivit l’emportement de sa femme pour lui suggérer l’envoi à sa tante « d’un petit mot d’explication ». Brisée, défaillante, hors de combat, la frêle Babet se soumit : une première lettre ne satisfit point ; il fallut en écrire une autre, en termes plus précis, plus rampants, — plus compromettants aussi. Madame de Mellertz déclara se contenter de ce texte :
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