avec dédain, employer les chevaux des charrois militaires, ainsi que ceux des particuliers pour conduire notre convoi dont l’aspect assez grotesque n’était pas relevé par l’élégance de nos costumes. » Humbert allait devant pour préparer les logements sur la route et cet appareil si nouveau d’un général républicain servant de courrier à Boishardy et à ses compagnons, attirait sur leur passage les paysans ébahis à la vue de ce chef mystérieux au nom déjà légendaire, et aussi les « jacobins », les « terroristes », indigènes, frémissant à la pensée que la République, si grande au bon temps de Robespierre, s’abaissait maintenant à pactiser avec ces farouches rebelles. On fit le trajet en deux jours : aux auberges, Boishardy et son État-Major daignaient admettre à leur table le général et faisaient honneur aux repas, « somptueux » d’un bout à l’autre de la route, préparés par les ordres et aux frais de la République[1].
Mademoiselle de Kercadio, bien entendu, est du voyage[2]. Boishardy veut que sa fiancée assiste aux fêtes de la Pacification ; et certes le spectacle vaut d’être vu. En arrivant à La Prévalaye, on est reçu par Cormatin, veillant à tout, commandant à tous, « faisant l’empressé » dans son beau costume de major général, — grande redingote à haut collet, large cravate blanche gracieusement nouée, cocarde blanche, écharpe blanche, panache blanc[3]. Le châ-
- ↑ Mémoires du général d’Andigné, I, 142.
- ↑ Moncontour-de-Bretagne et ses environs, par A. Houssaye. L’auteur a eu connaissance d’un interrogatoire de mademoiselle de Kercadio où celle-ci reconnaît avoir accompagné Boishardy à La Mabilais, lors de la tenue des conférences. Page 100, note.
- ↑ Welschinger, Cormatin, p. 74.