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LA MIRLITANTOUILLE

On chante aussi le Ça ira, agréablement parodié par un spirituel adaptateur qui n’a pas pleine confiance dans le résultat des négociations :


Ah ! ça ira, ça ira, ça ira…
Cahin-caha, cahin-caha !


Mademoiselle de Kercadio n’est pas la seule de son sexe qui figure en ces entraînantes réunions. Cormatin envoie chercher à Rennes de jolies femmes afin d’égayer la fête ; même il va faire son choix et on le rencontre circulant entre la ville et son quartier général, promenant dans sa voiture des élégantes à coiffure de plumes blanches. En ce temps reculé, les femmes saisissaient, avec une sorte de frénésie les occasions les plus inattendues de s’affubler de toilettes excentriques ; depuis l’ouverture des conférences la mode était, dans la capitale de la Bretagne, de s’habiller « en chouanne[1] ». Les dames royalistes de Rennes, celles du moins que n’effrayaient pas ces assemblées un peu libres et bruyantes, accouraient pour le plaisir d’entendre crier Vive le Roi. Quant à Cormatin, il donnait libre cours à sa galanterie naturelle de beau quadragénaire : deux jeunes actrices, Ninette Belval[2], tenant au théâtre l’emploi d’ingénue, et Agathe Cassin[3], sémillante et brune soubrette, paraissent avoir partagé, sans jalousie, ses hommages[4]. Tout cela amusait les uns et scandalisait d’autres ; la bombance et

  1. V. Georges Cadoudal, par M. de Cadoudal, et aussi Mémoires de Billard de Vaux.
  2. De son vrai nom Adèle Deschamps, femme Ninet, 22 ans en l’an IV. Archives nationales, F7 6327.
  3. Agathe-Françoise Cassin, 25 ans en l’an IV, même dossier.
  4. Et, semble-t-il, ceux du général Humbert.