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LA MIRLITANTOUILLE

sième… Est-ce ainsi que se comportent nos adversaires ? Leurs repas sont moins longs et moins fréquents. Indigne Ruelle ! Reçois ici le tribut de mon indignation ! Après avoir rampé devant Charette, tu fais servilement ta cour à Cormatin[1] !… » Quelques-uns des représentants s’expriment avec élégance ; plusieurs « parlent raisonnablement » ; « la plupart sont modérés[2] ». Pourtant, des mots aigres sont échangés ; les Chouans, peu parlementaires, perdent la mesure et s’emportent. Et pendant ces parlotes qui ne mènent à rien, car « la paix n’est pas dans les cœurs », tandis que finasse Cormatin, que patelinent Ruelle ou Delaunay, aux abords de La Mabilais, parmi la foule parfois sympathique[3], parfois hostile[4], venue de Rennes pour surprendre quelque incident de ce rapprochement paradoxal, Hoche et ses généraux s’entretiennent avec les officiers royalistes. Il leur témoigne « beaucoup d’estimes » et paraît flatté de leurs prévenances[5]. Comme la paix eût été facile entre ces soldats français, sans l’odieuse politique et les criards qui en vivaient[6] !

  1. Bergounioux, Essai sur la vie de Hoche, 133.
  2. La Sicotière, Frotté, I, 87.
  3. « Je rougis d’avoir à vous dire qu’une infinité de personnes, pour faire leur cour aux Chouans… sont assez déhontées pour ôter leur cocarde nationale. » Lettre de Hoche aux représentants du peuple, à Rennes. Savary, IV, 469.
  4. « Pendant tout le temps de notre séjour à La Prévalaye, nous fûmes dans des alertes continuelles. Tantôt c’étaient des patriotes de la ville de Rennes, auxquels les conférences déplaisaient et qui voulaient marcher sur nous et nous égorger ; c’étaient tous les postes environnant notre quartier, décidés aussi à tomber sur nous si, finalement, nous refusions d’adhérer à la paix. » Mémoires de Poirier de Beauvais, p. 358.
  5. La Sicotière, Frotté, I, 87, note.
  6. « La paix pourrait être bientôt faite si des entraves de tous genres ne venaient s’y opposer : les aristocrates et les terroristes s’agitent en tous sens : leurs hurlements affreux épouvantent en-