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BOISHARDY

Boishardy ne rapporta pas d’Anjou une réponse décisive de Stofflet : la conférence allait s’éterniser ou se rompre. Cormatin joua son va-tout. — Il faut reconnaître la République ; c’est là une simple formalité qui n’engage à rien ; elle donnera au parti royaliste le temps de s’organiser et de préparer la victoire… Il parle ainsi, à l’étourdie, se grisant de mots selon sa méthode ; des rumeurs l’interrompent. Cadoudal écume : « les traits crispés, le cou nu, la poitrine découverte comme dans un jour de bataille », il fait effort pour réprimer son dégoût : — « Monsieur, dit-il, au nom de tous les royalistes de Bretagne et de Vendée, je vous défends de poursuivre ! » Il sort de la salle, d’autres l’imitent, parmi lesquels Guillemot, Le Gris-Duval, Saint-Régent. Ceux qui restent, très échauffés, repoussent bruyamment la soumission aux régicides. Poirier de Beauvais qui, au temps de la Vendée, a été le commandant général de l’artillerie royale, tire de sa poche un papier et commence à lire[1] : son thème est celui-ci : tous désirent la paix ; mais non au prix d’une lâcheté, encore moins d’une trahison. Reconnaîtra-t-on la République avec l’intention de violer le traité ? Cette fausseté répugne « à des chevaliers français accoutumés à être le modèle des nations pour tout ce qui s’appelle honneur… » Cormatin se cabre, essaie de parler. Beauvais poursuit, imper-

    core ces malheureux départements ; joignez à cela les Administrations, les commissions centrales révolutionnaires, philanthropiques et mille autres encore, et vous aurez le complément des intéressés à ce que le désordre existe. » Lettre de Hoche au Comité de Salut Public, 15 mars 1795. Archives de la Guerre.

  1. Le discours est reproduit in-extenso dans ses Mémoires, p. 364 et suiv.