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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/125

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BOISHARDY

nais et l’on y trouvait l’occasion de se débarrasser de lui. Le lundi de la Pentecôte, 25 mai, vers trois heures de l’après-midi, comme, avec ses officiers, il se rendait, ainsi que d’habitude, au dîner des Conventionnels, un avis secret lui parvint de son imminente arrestation. Il en avisa ses aides de camp : — « Que faire ? — Mon général, nous vous suivrons partout. — Alors, messieurs, allons dîner avec nos bourreaux. » Ils gagnèrent l’hôtel de l’Intendance, séjour des représentants. L’accueil fut fort amical ; comme à l’ordinaire Hoche était là ; dîner très gai, causerie cordiale. À sept heures du soir, Cormatin rentrait chez lui, toujours escorté des six officiers de son état-major, quand le citoyen Latapie, adjudant de place, se présenta fort poliment, au nom de la Loi, exhiba ses ordres et mit Cormatin et ses aides de camp en arrestation. Le soir même, ils soupaient à la Tour Le Bat, la vieille prison de Rennes et, dans la nuit, encaqués dans deux fourgons à pain, encadrés d’un bataillon d’infanterie et de trente-six gendarmes, ils partaient pour Cherbourg où on les embarqua à destination de l’Île Pelée, rocher fortifié, à deux lieues en rade[1]. On les y enfouit au fond d’un cachot sans air et sans jour. C’est là que, dans les dernières pages de ce récit, on retrouvera Cormatin.


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De sa disparition la guerre renaissait, plus âpre,

  1. Mémoires de Dufour. Il donne un intéressant récit de l’arrestation et du transfèrement des prisonniers jusqu’à Cherbourg.