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LA MIRLITANTOUILLE

plus haineuse, entre adversaires s’accusant réciproquement d’une odieuse violation du traité. Hoche reprit le premier les armes : sa proclamation fameuse : — « Braves camarades ! Votre courage n’est plus enchaîné… » est du 1er juin. Elle ravit d’aise la racaille jacobine, les Robespierres de chefs-lieux de cantons, les survivants des clubs et des comités de villages, tous ceux qui, redoutant la réaction, assourdissent les représentants de leurs doléances, prophétisent que « le fanatisme reprend son empire » ; et que « tout ce qui a voté la mort de Capet va être immolé[1]. » L’accusateur public, Besné, est de ces aboyeurs : il prédit à la Convention le prochain rétablissement de la royauté et déplore le sort de la Bretagne où « une nouvelle Vendée se prépare[2]. » Quand il apprend l’arrestation de Cormatin, il déraisonne de joie : — « Bandit ! Voleur ! Meurtrier à gage ! L’exécrable brigand ! La vie chère ! Les prêtres criminels !… » Il envisage déjà une prochaine revanche contre son ennemi de toujours : — « Un ex-noble douteux dont j’ai parlé dans le temps, Boishardy… Il faut que ce brigand soit arrêté… Il est la cause de toutes les calamités qui ont désolé et désolent ce département. Nul n’en peut être instruit comme moi qui ne connais pas l’art perfide de flagorner[3]… »

De douloureux scrupules harcèlent celui que Besné pourchasse ainsi de sa haine. On a déjà dit combien la rencontre de Boishardy avec les généraux ré-

  1. Au citoyen Gillet, représentant du peuple, 20 germinal, III. Archives de la Guerre. Armée des Côtes de Brest et de Cherbourg.
  2. Archives de la Guerre, même série. 16 ventôse, III.
  3. Lettres des 31 mai et 1er juin au Comité de salut public. Archives de la guerre, même dossier.