I
Le manoir de Bosseny[1] vers lequel, en ce matin funèbre, fuyait mademoiselle de Kercadio, guidée par Hervé Du Lorin et son compagnon, était situé au fond d’un repli boisé de l’interminable et aride Mené ; d’épais fourrés l’enveloppaient si bien « qu’on ne l’apercevait, pour ainsi dire qu’en le touchant[2] ». Il dépendait de la paroisse de Saint-Gilles-du-Mené, indiquée sur les itinéraires de la correspondance royaliste comme l’une des plus sûres étapes en raison des obstacles dont la nature complice s’était plue à fortifier ce coin perdu à l’extrémité du Penthièvre.
Le maître du château, Guillaume-François Le Gris-Duval, était un jeune homme de vingt-six ans, grand et fort, lettré et inventif ; ses goûts, son caractère « doux et froid », l’auraient plutôt porté vers la littérature aimable et la comédie de salon que vers la guerre de partisans ; mais sa jeune femme[3], belle,