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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/173

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LA MIRLITANTOUILLE

à la Chouannerie ; son second fils, Honorat, l’assistait dans ses embauchages. Condamnée une première fois pour ce fait à quatre mois de prison[1], elle n’en continuait pas moins à tenir bureau d’enrôlement pour la bonne cause et l’on était toujours assuré de trouver par son intermédiaire les hommes dont on avait besoin.

Quant aux simples Chouans dont disposait Le Gris-Duval, leur nombre variait suivant les circonstances : tous les habitants de Saint-Gilles du Mené, village voisin de Bosseny, étaient à sa dévotion ; il gardait seulement quelques agents à demeure, parmi lesquels François Poilvey, déserteur de l’armée républicaine[2], fixé à Bréhand depuis 1794, et Ignace Mairesse, ce soldat bleu qui, blessé lors de l’attaque du manoir de Kerigant, avait été soigné par la belle-sœur de Le Gris. Enfin rétabli, après plusieurs mois d’invalidité, il vivait alternativement à Kerigant ou à Bosseny et passait pour être le domestique de confiance des deux familles ; son sobriquet était Le Beau. Quand quelque grand « coup » se préparait, ces deux hommes parcouraient le pays et recrutaient sans peine des volontaires. Le Gris-Duval pouvait abriter deux cents hommes dans des casernements bien dissimulés. Un détachement de la garnison de Loudéac explorant, dans l’automne de 1795, les environs de Bosseny, s’enfonça « dans un bois taillis extrêmement fourré » et découvrit « au pied d’une montagne » un confortable campement de brigands. Les sentinelles et une trentaine

  1. Le 6 février 1796.
  2. Il avait quitté son corps dès le mois de mars 1794, emportant ses armes et ses équipements. Archives nationales, F7 36691.